Présentation de l'ouvrage

 

Ce livre, par la richesse exceptionnelle de sa documentation, est la seule référence en la matière bien qu'il souffre d'une diffusion restreinte due au fait qu'il n'existe pas encore de traduction anglaise.

L'auteur a repris le traité de Murray Barbour publié dans les années 50 et l'a expurgé de toutes ses erreurs de point de vue. C'est en fait l'approche traditionnelle du problème qui fait l'originalité de cet ouvrage, approche qui impliquait au départ de ne pas considérer le système pythagoricien comme un "tempérament" puisque c'était autrefois la norme... Il s'ensuit que le tempérament proprement dit est assimilable, dans son domaine, à une sorte d'hérésie puisqu'il s'agit d'un compromis purement empirique.

L'auteur démontre que les pythagoriciens ont trahi leur maître. Ceux-ci ont coutume d'enseigner qu'il existe 3 consonnances ou intervalles parfaits, la quinte, la quarte et l'octave. En fait, l'octave est "étrangère" au système de Pythagore. Elle sert d'étalon de sorte qu'elle est "hors jeu" et il se trouve que c'est à partir du Xème siècle que l'on a commencé de considérer les modes comme des octaves types, vision qui ne correspond pas du tout à l'ancienne conception des modes.

Par la suite, bien des incompréhensions et des errements sont venus du fait que les théoriciens ont décidé qu'il faut absolument accorder les octaves sans battements. C'est faux puisque les accordeurs les élargissent d'instinct du moins lorsque l'ambitus de l'instrument dépasse 4 octaves. Or, il se trouve que le calcul justifie cette pratique puisque la dérive nécessaire à la satisfaction est d'un comma pythagoricien sur 7 octaves. Pourquoi 7 et pas 8? 7 octaves correspondent en fait au champ audible et le nombre 7 n'est pas un nombre banal puisqu'il existe 7 planètes (et 7 jours de la semaine), du moins chez les astrologues traditionnels...

La "tyrannie" de l'octave a influencé la théorie modale. Bref, c'est une remise en ordre (ou un début) que propose ce livre.

Reste à évoquer la principale découverte de l'auteur. On peut dire sans exagérer que ce n'est pas un hasard si le "tempérament" est apparu à un moment bien précis de l'histoire de l'Occident chrétien. Si les physiciens se sont mis à traquer l'impureté dans le moindre de leur intervalles de leurs gammes prétendument "naturelles", et ce, à partir du XIIIème siècle (dans les seuls traîtés), c'est tout simplement parce que notre ancien monde subissait une folie apparue quelques siècles plus tôt, au temps de Platon et Aristote...

On fait allusion ici à la philosophie naturaliste, revue et corrigée par Saint Thomas d'Aquin, une philosophie essentiellement moraliste, une philosophie qui allait empoisonner non pas simplement la musique, mais toute la planète avec tous ses attendus modernes dans l'ordre du "politiquement correct". A noter qu'il existe une relation notoire entre cette philosophie naturaliste et certaines hantises (sexuelles notamment) qui n'ont jamais existé en Orient car ce n'est pas pour rien que l'on a choisi le mot impureté pour désigner les intervalles que tel ou tel système d'accord à laissé pour compte, telles les tierces en système pythagoricien.

Autre point focal dans cet ouvrage: le tempérament moderne, puisqu'il est égal, a concentré sur lui les foudres de l'auteur qui ne se gêne guère pour tailler en pièces les idées ou prétendu raisonnements qui prétendent en justifier la pratique. On peut observer à cet égard une synchronicité fort remarquable entre l'avénement de ce calamiteux tempérament, le plus médiocre de tous, et certains désordres révolutionnaires, sans parler des analogies existant avec le système métrique. La France a bien été la première nation à généraliser ce tempérament tandis que toutes les autres ont résisté de façon assez éloquente. Le tempérament égal est donc une "hérésie" typiquement "hexagonale" et seul un français pourvu d'une rare insolence pouvait réparer l'outrage commis par la France au détriment des nations qui ont fini par boire avec délice le venin du jacobinisme.

La victoire de l'égalité en musique allait être de courte durée. La cause des tempéraments inégaux est entendue chez les "baroqueux", il reste aux amateurs à la découvrir. Ce livre peut y aider. Il n'est pas difficile d'accès. Il demande un minimum de culture musicale quant à la théorie. Ce n'est pas un livre encombré de formules mathématiques. L'auteur est un accordeur (autodidacte) et il a fait l'effort de retrouver une approche essentiellement pratique. Ceux qui sont décontenancés par ce livre ne le sont guère qu'à cause de l'absence de ces complications mathématiques qu'ils s'attendaient à y trouver, soit en raison d'un manque de culture générale. Les temps ne sont certes plus favorables à une approche philosophique cohérente faute d'un minimum de repères. Justement, ce livre, parce qu'il ne parle pas que de musique (mais essentiellement de symbolisme) peut aider à retrouver.

Henry Montaigu disait à propos de ce livre que c'est tout le contraire de la fameuse "Encyclopédie". On ne saurait rêver meilleur compliment...

La pratique n'est pas oubliée: l'auteur donne le mode de réalisation d'un grand nombre de tempéraments, les tempéraments de transition étant fort nombreux. L'ouvrage comprend de fort nombreuses illustrations introuvables ailleurs, dont un portrait de Jean-Baptiste Romieu exhumé par l'auteur. La visage de cet acousticien et académicien largement cité était totalement inconnu. On trouvera ci-après son portrait retrouvé chez un particulier par pure intuition et grâce à l'annuaire électronique.

Description de l'ouvrage: 540 pages, format 18x28 cm, couverture cartonnée (voir plus haut. Index. Bibliographie d'environ 1300 titres en toutes les langues.