Qu'est-ce que le "tempérament" d'un instrument de musique?

Expliquer ce qu'est un "tempérament" n'est pas chose aisée... Les instruments à claviers sont limités à 12 sons par octave. Ces 12 sons doivent permettre de réaliser tous les intervalles avec une justesse satisfaisante. Le "tempérament" est donc un compromis permettant de s'arranger au mieux avec la limitation à 12 sons par octave.

Traditionnellement et jusqu'au milieu du XVème siècle, les instruments à sons fixes étaient accordés par quintes pures (sans battements) selon le système dit pythagoricien. Justement, ce n'était pas un "tempérament" car ce dernier est venu après. C'est-à-dire lorsque les organistes ont commencé de désirer avoir ces tierces pures que les chanteurs produisent, dit-on, assez naturellement...

Un peu d'histoire...

La réalité historique et l'explication de cette mutation relève de facteurs plus complexes... Le premier "tempérament à tierces pures" (dit "mésotonique" ou "à tons moyens", à tort car il n'est pas le seul puisque le tempérament égal est aussi un "mésotonique", le plus parfait de tous...) est décrit en 1529 par Aron, un italien. Mais l'on a plusieurs preuves que l'on avait commencé à changer l'accord des instruments près d'un siècle auparavant...

Réalisation du "tempérament mésotonique"

Pour réaliser un tempérament à tierces pures, on accorde à partir d'Ut (ou de tout autre note) une tierce bien consonnante, plate et sans battements. Puis on la partage en 4 quintes aussi égales que possible (leurs battements sont sensiblement égaux). A partir des notes obtenues, il suffit de réaliser d'autres tierces pures. Mais au bout du compte on aura un "loup" que l'on place entre Sol# et Mib. C'est un intervalle qui hurle.

Intérêt des tempéraments inégaux

Tous les "tempérament" anciens sont "anti-démocratiques" car ils ne sont pas constitués de demi-tons égaux comme chez les modernes. Certaines tonalités sont privilégiées et acquièrent ainsi une couleur propre. Il est impossible de goûter la musique ancienne de clavier si on la joue en "tempérament égal".

Cette dernière pratique peut du reste entraîner des contresens quant à la lecture des altérations, lesquelles ne sont pas toujours évidentes lorsqu'il s'agit de restituer des anciennes partitions selon l'écriture actuelle de la musique. Pour conclure, tempérament inégal et techniques anciennes de clavier (elles aussi, inégales) vont de pair et son inséparables dans l'optique d'une restitution authentique de la musique dite ancienne dont les principes ont été peu à peu occultés à partir de l'avènement de la musique dite "classique" (Mozart) et surtout par le romantisme qui a introduit une sorte de culte de la discontinuité sensible dans les nouvelles conception rythmiques.