Le problème des restitutions en musique ancienne Avertissement : On a renoncé, dans ce papier, à citer les noms des mauvais exemples. Il est inutile de s'attirer l'animosité de certains éditeurs. En fait nous nous adressons à une minorité de consommateurs exigeants et ils sont si peu nombreux qu'il est inutile de s'attirer gratuitement d'éventuels ennuis. Enfin les éditeurs qui souhaitent évoluer trouveront là de quoi méditer. A eux de faire leur miel de ces remarques s'ils en ont l'envie...
En revanche on souhaiterait mettre des images, mais le temps que cela nécessite rend la chose difficile... Toujours pour les mêmes raisons, les lecteurs sérieux sauront imaginer ce à quoi on fait allusion...
Introduction
Quoique les connaissances musicologiques relatives à l'interprétation de la musique ancienne aient progressé de façon sensible au point que les notions d'inégalités, par exemple, commencent à tomber dans le domaine public, la qualité des éditions disponibles n'a nullement progressé en conséquence et cela tient à plusieurs facteurs dont certains sont purement routiniers.
Certes, il faut savoir que la production d'une édition parfaite d'une centaine de pages pourrait bien dans certains cas nécessiter un an de travail car pour bien faire, il faudrait pouvoir travailler dans le détail la totalité du volume à produire de façon à agencer au mieux la répartition des notes à exécuter entre les deux mains. Notons que la polyphonique archaïque, particulièrement espagnole, est un "casse tête" lorsqu'il s'agit d'établir des doigtés cohérents car on a fréquemment des voix intermédiaires qui "plongent" ou qui "sautent" hors de leur espace naturel du point de vue digital. Les sources originales se présentant souvent sous l'aspect de voix séparées, restituer cela sous la forme d'une "partitions à l'italienne" (c'est en effet ce type de représentation qui a prévalu) devient vite un casse-tête. Constatant que les restitueurs ne cherchent jamais à faciliter la tâche de l'exécutant on peut en déduire aisément que ce sont presque toujours des musicologues inaptes à la pratique qui sont à l'origine de la plupart des éditeurs existantes. Quand par dessus le marché, ils négligent de reproduire tous les signes du document original comme c'est souvent le cas pour Kastner dans ses éditions de musique espagnole, force est d'en conclure qu'une révolte simpose à l'égard de ce genre de "technocrates" afin de les remettre à leur juste place.
Notons qu'à l'inverse, les virtuoses du clavier ne sont guère plus qualifiés que certains musicologues pour produire des éditions potables. Ayant des facilités digitales, certaines difficultés ne leur apparaissent pas comme telles et ils sont conduit à les négliger. En outre les solutions empiriques qu'ils adoptent pour se tirer des cas épineux ne sont pas forcément les meilleures, ni les plus orthodoxes.
La conclusion qui s'impose est qu'il faut avoir le sens d'une certaine authenticité, ce qui demande d'énormes connaissances, pour être capable de remédier à la situation existantes. Enfin notons que dans le cas où la source n'est pas une partition à l'italienne à 2 portées pour les voix à exécuter manuellement, la tâche si elle est plus compliquée, laisse plus de liberté de manoeuvre car il y a aussi le cas des sources en "partition à l'italienne" mal configurées à l'origine. Il faut donc à chaque fois qu'on déroge aux dispositions de la source, expliquer pourquoi en note. Or les bonnes décisions ne peuvent être prises que si l'on connaît les resssources de la facture instrumentale en usage dans le temps et le lieu concerné par l'oeuvre... A ce propos, constatons qu'on ne signale jamais les oeuvres qui exigent une octave courte ou un clavier avec coupure entre basse et dessus comme c'est le cas d'une partie non négligeable de la musique de clavier la plus archaïque.
La perte du métier de graveur
La qualité des mises en page a singulièrement baissé depuis la première guerre mondiale. Le métier de graveur était un métier de tradition pratiqué par des techniciens qui étaient souvent musiciens eux-mêmes et avaient reçu à ce titre une solide éducation en tant qu'exécutants. Des facteurs économiques et l'holocauste engendré par la catastrophe évoquée ont eu un impact très négatif.
A présent, si l'apparition de logiciels théoriquement accessibles à tout étudiant en musique a démocratisé la typographie musicale, non seulement ces logiciels ne sont généralement pas conformes à la démarche traditionnelle du graveur, ils restent donc très hermétiques et nécessitent un investissement assez considérable en fait d'apprentissage.
Il faut ajouter à cela qu'à l'instar des traitements de textes classiques, ils ne sauraient suppléer à la méconnaissances des "codes typographiques" et au surplus il n'en existe pas d'officiel pour la musique. On trouve seulement des ouvrages de gravures (anglais ou allemands) qui proposent quelques solutions et les problèmes sont multiples. Et ceux de la musique anciennes assez spécifiques pour lesquels on ne trouve aucune référence exhaustive pas même une table complète des ornements d'où la nécessité de collectionner les polices de caractère existantes. En réalité, un "code typographique" ne servirait à rien dans le cas de notre musique car il est bien des cas où il faudrait choisir de se conformer aux modes anciens de représentation graphique.
La conjugaison de tous ces facteurs conduit à une baisse générale de qualité et les nouvelles technologies numériques n'ont pas fait sensiblement baisser les prix de l'édition... Un des aspects les plus irritants de cette baisse de qualité se traduit par un doublage presque systématique du nombre de pages imprimées, conduisant, dans le cas de la musique ancienne de clavier à quelques signes flottant dans un océan de blancheur aveuglante. Ainsi telle édition récente d'un organiste issu d'une corporation d'orfèvres et imitateur des Italiens est devenue franchement illisible et la version des Archives des Maîtres de l'Orgue s'avère plus lisible ! Impossible d'embrasser une phrase musicale d'un seul coup d'oeil... C'est l'horreur entre bien d'autres...
Le principal défaut des logiciels de gravure
Les logiciels capables de produire un espacement conforme à la tradition du bon goût français se comptent encore sur moins de doigts que n'en comporte une main humaine et le plus répandus des logiciels, celui là-même qui passe pour le logiciel professionnel par excellente, traite les problèmes d'espacement de manière inepte. A ce propos, on peut se demander longtemps pourquoi tel résultat n'est point satisfaisant tant qu'on n'a pas vu et photographié dans sa tête le résultat de pratiques conformes à la meilleure tradition. Tout parait en ordre pourtant les partitions obtenues sont inaptes à suggérer le rythme de la musique !
Tout le reste tout ou presque peut être maîtrisé, souvent en trompant le logiciel et en cachant occultant certaines données de façon à ce que des signes demeurent inapparents. Tout sauf précisément ce fameux espacement traditionnel. Est-ce, lorsqu'il s'agit de logiciels américains, le résultat d'une politique "anti-française"? Je ne vais pas jusqu'à le croire car il existe un produit archaïque non européen qui respecte la fameuse tradition mais il nécessite de créer un fichier par page. La lacune observée, disons le sans ambages afin que tout le monde comprenne bien ce qui se passe, provient de ce qu'une majorité d'éditeurs et d'exécutants ont de la merde dans les yeux... Pas d'autre solutions pour tenter de faire évoluer la situation que de dire les choses de façon aussi crue! Le drame c'est que pour des raisons de "compatibilité" les techniciens capable de faire un travail irréprochables sont contraint de s'accommoder de logiciels parfaitement déficients.
Il convient toutefois de relativiser car si les gravures anciennes méritent d'être copiée à propos des tournes qui sont toujours judicieuses, l'utilisation de signe d'imprimerie parfaitement qualibrés produira toujours plus d'aisance à la lecture quoique la qualité purement graphique des polices musicales en usage soit assez inégale. Il n'empêche qu'on a quand même bien le droit de maudire certains produits qui ne méritent pas d'être devenus si populaires! Notons à ce propos qu'il y a tout de même des coups de pied au cul qui se perdent en présence du genre de snobinardise qu'occasione une espèce d'idolatrie qu'on observe à propos de l'informatique en général et de certains logiciels ou systèmes en particulier...
On voit du reste, par ce genre de détail, que le "système" qui régit le monde actuel est automatiquement programmé pour empêcher la qualité et ce au profit de la seule quantité. Or, dans le cas qui nous occupe la quantité est de toutes façon impossible à atteindre qu'on ait ou non des outils parfaits. Les logiciels offre de larges possibilités de repentirs et donc de correction mais la saisie des textes demeure et demeurera chose très laborieuse...
REVISION EN COURS....
Routines de mises en pages intolérables
Il est inadmissible, par exemple, de constater que la quasi totalité des éditions qui paraissent ne se préoccupent guère des tournes. On commence une pièce de clavier en bas de page au mépris de la règle des veuves et des orphelins des typographes en lettres... Je présume que le mépris de cette règle provient d'un certain type d'édition "scientifique" destinée à l'origine à la "lecture sur table" des seuls érudits. Les "technocrates" se fichent, encore une fois, des praticiens et ce sont, comme chacun sait des crétins imbus d'eux-mêmes. Ainsi quand ils se trompent ce sont les faits qui ont tort comme chacun sait !
Des "veuves" et les "orphelins"...
Le fait de commencer une pièce ou de la finir par une ligne ou deux en bas ou haut de page, aboutissant parfois à 2 tournes là où on pourrait les éviter totalement est un sujet d'énervement pour l'utilisateur qui doit faire des montages à l'aide de photocopies. Vu le mépris des éditeurs pour ces aspects pratiques, il ne faut pas s'étonner de la vogue du piratage.... Que l'on commence par réformer ces mauvaises pratiques et seulement après les marchands pourront être fondés à se plaindre dès lors qu'ils auront baissé leurs prix ou, que pour le même prix, ils proposeront des produits irréprochables...
Rappel des clefs originales
Quand on ne dispose que d'une restitution, on est contraint de faire largement confiance aux restituteurs faute de pouvoir faire figurer en un seul volume et la source et sa restitution. Il est non seulement INUTILE mais également NUISIBLE de rappeler les clefs anciennes. Cela conduit à des catastrophes quant à la lisibilité. Je pense à une édition moderne de Boyvin provenant d'un éditeur dont la raison sociale semble un peu "marxiste" qui est infecte car illisible. A l'étalement et aux perturbations résultant de cette pratique de rappel s'ajoutent les difficultés d'un mesurage à l'italienne déjà problématique quand il s'agit de déterminer le tactus dans de très longues mesures. Il s'avère donc impossible de reconstituer la pulsation à vue sans relier les éléments appartement à une même pulsation par une liaison au crayon. Et l'étalement est tel que même avec un tel artifice le résultat reste très inconfortable.
Dans un cas de ce genre on aggrave les difficultés de lecture originelles.
On a là un exemple du genre de "scientisme" stupide que l'on a hérité en droite ligne de pseudos universitaires ou simplement de musicologues désireux de se mettre en règle avec certaines exigences de de soit-disant rigueur. Quand il s'agit de tout résumer dans les seuls clefs usuelles actuellement, on n'a pas besoin de connaître les clefs originelles. ou il faut se contenter de rappeler les usages d el'époque dans la présentation. C'est là un bel exemple de SOPHISTICATION IMBECILE... Une fois de plus, n'ayons pas peur des mots !
Elaborer un modèle graphique de code individuel...
Il faut parfois lire des pages et des pages de considérants plus ou moins ineptes pour déterminer les conventions arrêtées par le restituteur et identifier la source utilisée. Un tableau simplifierait bien les choses.
De quelques futilités et idées fausses...
Les altérations
On le sait les Anciens ne notaient pas les altérations de la même manière que les modernes. Elles avaient en général un valeur plus ou moins ponctuelle. En outre c'est une erreur de penser les altérations en terme de tonalité dans une musique modale ou dérivée du système des 8 tons ecclésiastiques dont la logique est vocale et horizontale. Sans compter que le tempérament en usage faisait sonner bien différement les altérations d'époque.
Certes, un Norbert Dufourcq, après avoir, dans Grigny, recopié les erreurs de Guilmant a pu avancer la thèse que l'organiste rémois devait avoir une oreille différente... Cela dit, c'est une CONNERIE de condamner telle ou telle édition pour des fautes d'altération car elles sont aisées à rectifier au crayon tandis qu'on ne peut changer une mise en page vicieuse. Je dois donc m'insurger contre cette espèce de scrupulosité abusive dénote un manque de sens des proportions. En outre les erreurs d'altération sont pratiquement inévitables...
Les éditeurs pourraient donc se borner à publier des erratas... Et si par chance il existe une édition correcte de ce point de vue, on peut certes l'adopter si on n'est pas déjà pourvu pour tel auteur considéré...
De l'ornementation et du respect du texte...
Voilà encore un autre sujet de futilité. Que l'on s'attache à reproduire une table d'ornementation lorsqu'il en existe une ou que l'ouvrage peut être référée à telle ou telle proposition d'époque soit! Mais que l'on en vienne à chipoter pour quelques ornements présents dans un manuscrit et pas dans l'autre, ou que l'on en vienne à dresser un long catalogue de variantes futiles que personne ne lit comme c'est le cas d'une certaine édition de Couperin, cela tourne encore à la NIAISERIE SCIENTISTE.
Des gloses...
C'est encore pire quand on propose, pour le même Couperin, des gloses facultatives calquées sur la pratique espagnole. C'est oublier que si nombre de partitions espagnoles archaïques étaient assez "sténographiques", Couperin a fait exception en s'efforçant de fixer avec exactitude ses textes. Dans ces conditions, la découverte d'un nouveau manuscrit ne justifie par que l'on puisse se croire obligé de refaire entièrement une édition qui, en un cas précis, en serait à la troisième si l'éditeur en question n'était point sujet à des problème de trésorerie qui l'empêche de rééditer nombre d'ouvrages épuisés...
Toujours concernant Couperin, Jean Saint Arroman a proposé les meilleurs alternatives en marge des fac-similé de Fuzeau. Plutôt que de se ruiner en achetant une nouvelle édition, on peut bien rajouter des collages dans celle avec laquelle on travaille...
Finalement, c'est encore le SCIENTISME qui aboutit, sous prétexte de sacro-saint "respect du texte" à se montrer plus royaliste que ne l'étaient les rois en leur temps ! Si tout texte de musique ancienne reste plus ou moins sténographique, les auteurs laissaient aux interprêtes une certaine marge de manoeuvre quant à l'ornementation et aux "diminutions". Il est bien de faire remarquer que telle pièce de Raison ou de Jullien dans l'anonyme de Limoges ont vu leur glose terminale simplifiée selon l'usage du temps mais on reste libre d'arranger la chose à sa manière, c'est-à-dire à une ou deux notes près.
A propos des Archives des Maîtres de l'Orgue
La qualité de l'immense majorité des restitutions de musique d'orgue n'a pas progressé par rapport au standard de fait adopté par Guillmant. L'exactitude des textes y était assez remarquable. Les registrations romantiques ne gênent pas, on finit par ne plus les voir. Et en adoptant les mêmes principes les successeurs ont fait assez souvent pire (cas du rappel des clefs d'origine chez un éditeur de Boyvin qui pourrait passer pour marxiste...)
Des compositeurs problématiques...
Bien des éditions actuelles sont des copies quasiment serviles de ces éditions : Titelouze par B., Grigny par Dufourcq etc... Malheureusement, personne ne s'est avisé dans le cas de Titelouze que les ligaturages de croches sont souvent fautifs et on ne perçoit pas clairement que les propositions d'extraction à la pédale ne sont pas dans l'original.
En fait si le cas de Grigny est maintenant réglé par l'existence d'une très bonne édition, celui de Titelouze demeure aussi avons nous prévu une édition correcte dans lequel le texte sera scrupuleusement respecté. Nous proposerons quelques solution dans l'appareil critique à titre indicatif.
A noter que le problème est encore plus ardu pour Schlick. On en connaît deux éditions. L'édition Schott est fautive quant à la métrique (division abusive des valeurs). L'édition Ugrino elle est correcte pour les valeurs mais fausse parce que transposée. Et toutes sont difficilement lisibles car il faut parfois jouer le CF qui est au ténor à la pédale etc... On ne siat jamais, des pieds et des mains, qui doit faire quoi. Un sérieux travail s'impose pour produire une édition vraiment indiscutable.
Du partage des voix...
La musique ancienne était notée de diverses manières. Plusieurs modes de notation sont directement dérivées de la notation vocale. Ainsi lorsqu'il s'agit de transcriptions historiques de "tubes" vocaux de la Renaissance, on s'est borné à assigner les deux voix supérieures à la main droite et les deux inférieures à la gauche.
Il s'ensuit que les mains se font du "croche doigt" et qu'on a du mal à s'en sortir, surtout dans la musique espagnole. Aucun système de notation n'étant idéal, il y aurait tout de même intérêt à simplifier la lecture de l'interprête en faisant en sorte que la répartition des notes suivent aux mieux la répartition des rôles qui peuvent être dévolu à chaque main.
Certains auteurs ont facilité cette répartition dans le cas des tablature à l'italienne (notre notation actuelle) mais dans le cas des tablatures espagnoles et allemandes on suit une logique vocale. Il s'ensuit qu'il faut réfléchir à chaque cas de figure possible et quand des permutaitons peuvent faciliter le jeu de l'exécutant il faut ajouter des conduits en pointillés.
La problème est assez ardu et il est important de souligner qu'une bonne partie de cette musique n'est pas jouée parce que les interprêtes ne parviennent par à la lire et à la doigter correctement.
Il y a tout un parcours à imaginer pour apprendre à lire ce type de musique. J'ai constaté par exemple que les Canzone de Banchieri sont une très bonne introduction à l'exécution du genre d'écriture évoqué. Elles exigent une technique qui n'a rien à voir avec celle que réclame un Couperin et le fait d'en avoir travaillé plusieurs à fond a contribué à développer des réflexes qui m'ont permis d'accéder à l'intelligence de partitions qui me demeuraient fermées. On est dans un domaine à part et quand on passe le plus clair de son temps à étudier Bach et les romantiques comme cela se pratique généralement dans les classes d'orgue de Conservatoire, il faut ou rencontrer un professeur d'exception ou se faire sa petite pédagogie pour pouvoir défricher tout l'au-delà des programmes conventionnels...
De la notation et des mesurages problématiques
Des échelles et du mesurage...
Une calamité à deux pattes nommée Willi Apel règne encore, par élèves interposés, sur les restitutions de la musique ancienne la plus archaïque. C'est à mon avis un exemple typique du genre de "galère" que peut produire l'érudition encyclopédique de type germanique.
René Guénon, qui a beaucoup contribué à ma formation intellectuelle avait épinglé et les Allemands et les Japonais. Pour lui les Japonais constituent une sorte d'anomalie au sein de l'Orient traditionnel et il n'a pas tort car j'ai trouvé divers arguments pour étayer son jugement à l'emporte-pièce qui sont à chercher dans le domaine des arts martiaux d'une part et d'une brusque rupture qui dans le domaine de relations sentimentales et sexuelles les a conduit, pratiquement du jour au lendemain à imiter le "féminisme romantique" en usage chez les Occidentaux surtout depuis le XIXème siècle. Ce souci de conformité à la morale dominante de l'Occident est a rapprocher de leur perméabilité au protestantisme... Notons encore que les dessins animés japonais sont d'inspiration franchement "contre-initiatique". ca fiat beaucoup de dérives pour ce peuple soit-disant "oriental". Une certaine Madame Cresson ne racontait pas de "salades" quand bien même sopn diagnostic était assez fruste...
Le cas de l'esprit germanique est très différent. Guénon disait que les allemands étaient tout juste bon pour publier des dictionnaires. Je me suis rendu compte qu'il y a dans l'âme germanique un "technocratisme" très particulier et qui trouve probablement sa source dans le fameux mouvement pangermaniste qui les conduisit a vouloir être bon en tout afin de dominer le monde. Certes la chose a échoué mais il en est resté des séquelles. Séquelles visible dans la facture moderne du clavecin car je n'hésite pas à dire qu'il aurait fallu, dès la naissance, piquer un certain W. pour éviter des innovations redoutables car ses productions on survécu à ce facteur fou. Que sa fille soit retournée à la facture traditionnelle ne change rien à l'affaire car on ne manque point de bons facteurs et on ne peut pas faire un autodafé des oeuvres de son père.
Le cas de Willi Apel constitue un exemple de ce que produire le mélange des préjugés modernes (et l'idée de supériorité qui en résulte) lorsque cela se conjugue avec l'érudition. Son livre sur la notation, aujourd'hui disponible en français chez Mardaga , reste incontournable mais c'est un "bâton pourri". En rompant avec la perspective chronologique qui aurait du s'imposer, l'auteur a créé des fausses catégories qui mettent à part la musique de clavier en la restreingant finalement à peu de choses puisqu'il exclut de ce chant tout le corpus vocal ayant servi de base à des transcriptions historiques qui ne sont que des exemples d'un certain ordre de possibilités. Il faudrait donc redécouper son livre et en redistribuer la matière par date et par lieu. Travail que personne ne fera et qui fait que l'obscurité et la confusion perdurera!
Enfin et c'est le plus grave, l'auteur, pour complaire aux modernes a SYSTEMATIQUEMENT DIVISE les valeurs pour que l'on puisse compter à la noire. Quand il ne s'est pas carrément planté. En fait ses restitutions sont illisibles alors qu'il eut été plus simple d'adopter l'échelle originale. j'ajoute que même lorsque les rapports sont mathématiquement exacts, les réflexes de précipitation engendrées par les valeurs modernes sont un empêchement à l'authenticité. Nous avons donc décidé dans notre équipe de déclarer une guerre sans merci à ces pratiques. On doit absolument conserver les valeurs originales car ce n'est tout de même pas difficile de compter à la brève, soit généralement à la noire ou à la blanche. Notons que ces dérives donnent lieu, dans le cas du Buxheimer Orgelbuch à une division par 4 des valeurs originales et on passe dans une même pièce du 3/4 à des articulations en 6/8 qui déplacent complètement les accents (Alan Booth), sans parler d el'ajout de liaisons discutables. Pas d'autre solution que d'être fidèle aux valeurs originales et d'ajouter, le cas échéant les thèmes traités quand il s'agit par exemple de "tubes" liturgiques...
Les dérives de Apel ne sont pas sans conséquences car toute une série de l'édition américaine s'avère fausse. On est allé jusqu'à ajouter des barres de mesure qui n'existaient pas dans l'original lorsque l'échelle a été respectée ! Cela dénote une totale incompréhension de la métrique originelle et induit des faux réflexes. J'ajoute qu'il ne suffit pas de le savoir car on peut difficilement faire abstraction de barres même en pointillés car la musique dont il s'agit à ceci de particulier que si le tactus est généralement à la blanche, voire à la blanche pointée (Rossi, Storace etc...), il est des articulations internes à chaque voix qui sont ou ternaires ou binaires. On a non seulement un binaire qui se décompose en deux temps subdivisés ternairement mais on peut avoir dans ces deux temps binaires une voix articulée de façon ternaire sur deux temps. Il faut prévoir des doigtés en conséquence et l'ajout de fausse barre rend finalement la perception de ces différentes articulations non pas seulement malaisées mais impossible car celui qui sait quoi faire parce qu'il est apte à découvrir l'erreur se trouve lui-même handicapé par ces fausses barres.
J'ajouterai que dans un ouvrage présentant les plus anciennes sources de musique de clavier, le même Apel a adopté des échelles variables...
Le problème est complexe car les valeurs rythmiques de certaines tablatures peuvent être plus courtes que ce que celles qui doivent être adoptées dans une partition à l'italienne. On aurait grand besoin d'un ouvrage synthétique et très clair sur le mesurage et la question des échelles car on peut observer que dans les tablatures allemandes on passe d'un tactus à la ronde à un tactus à la blanche.
Il est déjà bien difficile de s'y retrouver et de prendre le bon parti quand on possède un certain nombre de connaissances de sorte qu'il est absolument scandaleux de voir tel ou tel institut de musicologie compliquer artificiellement un domaine qui l'est déjà assez par sa nature même! certaines collections presitgieuses sont donc à mettre à l'index!
A propos des édition Urtext...
Il faut se résoudre à admettre que la mention "édition urtext" sur telle production ne saurait être une garantie. Surtout lorsqu'à un texte correct un pianiste a rajouté, dans Bach, des doigtés modernes ineptes qu'il faut blanchir pour éviter des faux réflexes.
Inutile de discuter un tel concept car il est bien propre à véhiculer toutes sortes d'idées fausses à propos du sacro-saint "respect des textes". Et ce n'est point l'exactitude des notes qui posent les problèmes les plus âpres...
Que penser aussi de telle édition de Froberger quand on a pris le parti d'indiquer en Ossia toutes les variantes d'une infinité de sources qui ne méritent aucunement d'être toujours qualifiées comme telles? Ce genre de travail de bénédictin est certes très respectable mais on plaint les "bénédictins" engagés dans une telle galère quand cela risque de donner de l'importance à des variantes qui de mon point de vue n'en ont guère.
Cela dit, la chose n'est pas nuisible, il est même bon qu'elle existe mais vu la débauche de moyens et l'investissement que cela implique, on pourrait tout de même prendre la peine d'ajouter une version française de l'appareil critique !!!!!!!!!
Un domaine encore réservé à des pionniers
Les auteurs qui se sont penchés sur ces questions sont rares. Les claviéristes les mieux informés sont contraint d'avouer des lacunes car le domaine est vaste et il n'existe pas de manuels suffisament synthétiques et assez exhaustif de sorte que celui qui veut se former doit affronter un véritable parcours du combattant et perdre beaucoup de temps à réunir les informations nécessaires.
Dans un colloque qui s'est tenu dans le cadre de l'Académie de St Dié Michel Bignes a bordé la question de façon assez remarquable et il propose de conserver les éléments suivants :
- Graphie et disposition des titres
- Signes de métrique
- Valeurs rythmiques originelles y compris les résidus de notation médiévale subsistant jusque vers 1720
- Ecriture des syncopes (note unique ou 2 notes liées selon les cas)
- groupement des valeurs inférieures à la noire (ligaturage)
- emplacement des barres de mesure
- armure
- hauteur absolue des pièces
- dans la cas de tablature italienne, répartitions des sons (voix) sur les portées
- la non polyphonicité de celles des sources qui ne se soucient pas d'indiquer la conduite des voix
- les signes de reprises
- les signes supplémentaires petites mains, guidons etc...)
- le type de format
Il me souvient qu'il préconise également la notation des altérations comme dans l'original. Je suis favorable à la copie stricte de l'original. Le système ancien est plus logique qui implique que les altérations accidentelles ne valent que pour la note concernée et non pour la mesure. J'ai du reste remarqué que je fonctionne plus naturellement selon ce système pontuel ancien...
Le problème le plus délicat est celui de la répartition des voix qui est souvent dicté par une écriture vocale. Soit il faut ajouter des signes et les distinguer comme tel pour la répartition munuelle, soit respecter les indications des auteurs, soit dans certain cas extrêmes redistribuer les notes, cas le plus délicat. Notons que c'est surtout la musique espagnole qui pose le plus de problème à cet égard et on dispose d'éditions à peu près sans faute de notes mais dans lesquelles certains signes, de métrique notamment, on été omis ou oublié. Il est donc des cas où un problème se pose de savoir si on doit faire une restitution italienne selon un point de vue musicologique ou purement pratique. Le parti adopté doit être précisé. Il est à noter que Diruta a donné des indications pour la transcription des musique vocales dont on peut s'impirer pour ce genre de cas...
A noter que Bignens a donné quelques indications sur les différents système de notation et dès que je le pourrai je m'efforcerai de développer cette rubtique à l'aide d'exemples illustrés. En donnant par exemple les traductions correctes de ceux choisis par Apel mais tout cela demande énormément de temps quand il faut passer par des traitements de texte informatique faute de savoir se servir lisiblement d'une bonne vieille plume...
Conclusion
Ce qui vient d'être évoqué ne constitue guère qu'un infime résumé du genre de problème auquel on peut se heurter de sorte qu'il est impossible de mettre sur pied un véritable "code" sur lequel il serait de toutes façon difficile de s'entendre à moins de proposer plusieurs solutions à chaque cas de figure.
Nous nous réservons donc la plus large souplesse quant à la conduite à tenir et l'important c'est de préciser les conventions retenues dans chaque cas en les faisant figurer dans un tableau facilement repérable dans la présentation de chaque publication.
D'une manière générale, les pesanteurs scientistes sont telles qu'on progresse lentement. Un exemple à suivre est celui des publications de Frescobaldi par un Darbellay chez Suvini Zerboni.
Sont a encourager les éditions de fac-simile à des prix raisonnables, encore faudrait-il que les éditeurs engagés dans l'aventure cessent de considérer qu'ils seraient propriétaires de droits sur la partie incorporelle d'oeuvres. Comment ces droits pourraient-ils exister lorsque la partie incoporelle de l'oeuvre, la musique véhiculée, se trouve bien dans le domaine public ? Notons qu'à en croire certaines éditeurs il faudrait acheter leur fac-similé pour seulement en jouer la musique dans le cercle de famille. A moins que ce ne soit pour décorer sa bibliothèque. Ou même en faire de la confiture dans l'hypothèse où la science trouverait un moyen de rendre la cellulose plus digeste...
DD